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Les Cicatrices / Scars
 
Les Cicatrices est une série développée de 1998 à février 2003. Les images de cette série utilisent les modes de représentation de la photographie et les outils de la création numérique pour créer une suite de fictions visuelles, réponses à l’omniprésence de l’idée d’un corps totalement maîtrisé. Bien que visiblement photographiques, ces images trahissent plusieurs impératifs de la photographie traditionnelle : elles entrent dans une nouvelle catégorie indéfinie, celle des images.



Les cicatrices - le bras, 1998


Le corps modelable

Dans notre perception du corps, un élément est aujourd'hui incontournable : la toute puissance que nous croyons avoir sur lui. Chirurgie esthétique, piercing, greffes… Notre corps est peut-être devenu, à nos propres yeux, une matière première qu'il faudrait sans cesse transformer, améliorer, et exploiter au mieux. Bien sûr, nous ne remodelons pas tous notre apparence à l'extrême. Mais nous ne pouvons plus ignorer que cela est possible, au risque du désir sans cesse renouvelé d’un corps vierge de toutes traces laissées par notre histoire.

Dans ce contexte d'un corps qui serait infiniment modelable, les images de la série des Cicatrices sont une tentative de réponse utilisant les moyens de la photographie. Plusieurs étapes, depuis 1998, l'ont construite lentement: photographie de cicatrices humaines, photographie de corps statuaires blessés, l’apport de la création in situ de moulages, l'inclusion de cicatrices non humaines – cicatrices de plantes, de murs, du bitume…


Scars series developed progressively from 1998 to February 2003. To respond to the ubiquitous idea of a human body changing at our wish, a set of visual fictions were created with digital tools in a photographic manner. As much as they seem to be of a photographic kind, these pictures break several photographic conventions thus fall into a new indefinite category: images.

Moldable human bodies

Today, perceiving our own body, we hold unavoidable beliefs in our full power over it.
Plastic surgery, body piercing, grafts… our body might have become, to our eyes, a raw material that we have to endlessly transform, improve and exploit to the best. Certainly, not all of us reshape our body to the extremity. But we cannot ignore that it is possible, neither. Then the price could be a lasting wish for a virgin body that is intact of any past traces.

Under the given context that our body could be indefinitely molded, the pictures from the Scars series attempt to respond by photographic means. The series has been completed over several steps since 1998: photographs of human scars, photographs of wounded statuary bodies, in situ moldering, addition of non-human scars – plant, wall and asphalt scars.


No respect for the reality

Seemingly respecting the photographic standard of reality depiction, we utilized each image to capture a “decisive moment”, with no respect for the material, nor for the photography traditional witness role.

All images have gone trough the “digital lab”. Some were heavily retouched with multiple layers progressively altering the skin surface; Some have not been modified beyond the usual print process.


 


Les cicatrices - "montre-moi", 2002

 

Sans respect pour la réalité

Prétendant respecter la norme photographique de représentation de la réalité, chaque image utilise en fait les éléments du réel comme matière. Sans aucun respect ni pour cette matière, ni pour le rôle de témoin traditionnellement attribué à la photographie, captation d’un "instant décisif".

Toutes sont passées par le "laboratoire numérique". Certaines ont été profondément retouchées, de multiples calques venant progressivement altérer leur surface. D'autres n'ont pas été modifiées au-delà des opérations habituelles pour un tirage.

Ainsi s'est composé un ensemble doté d'une double hérédité, où chaque cicatrice, bien qu'exposée à tous, dissimule son histoire et sa réalité. Les photographies des statues et des moulages, manifestement fictionnelles, sont mises au même niveau que les autres photographies de la série : c’est parce qu’elles sont justement de même nature. La chair n’est pas plus vraie que la pierre et le ciment.

Le questionnement sur l’origine de chaque image, sur sa véracité, vient se superposer au questionnement sur l’histoire qui s’est inscrite sur ces corps. Une double fiction est créée : les cicatrices racontent leur histoire, mais les images des cicatrices en racontent une autre, parfois fidèle et parfois exagérée.


Oublier le numérique

Aujourd’hui, lorsque l’on me demande quel type d’œuvre je crée, je suis souvent embarrassé. Seul le terme générique d’image semble convenir. Il permet de faire comprendre que, grâce à la place centrale des outils numériques, la limite entre une photographie, un dessin, une peinture ou une création de synthèse peut-être dissoute. Il me permet en outre d’expliquer pourquoi je prétends n’être ni un photographe, ni un graphiste, ni surtout un "artiste qui travaille sur ordinateur" — bien que ces images semblent parfois être des photographies, parfois des œuvres graphiques, et parfois, peut-être, des œuvres créées par ordinateur.

En réalité, la création numérique, en transformant tout ce qui se regarde en image, entraîne aux yeux des artistes sa propre disparition. Tout se passe comme si l’ordinateur n’existait déjà plus.



This double heritage helped create a set where each scar, although exposed, hide its own history and reality. The statues and molds photographs are evidently fictional. Yet, their insertion among the other pictures let think that they are of the same fundamental nature. The flesh is not more real than the stone and the cement.

Questions arising about each image origin and truth superimpose themselves over questions about these bodies history. Two fictions are mixed: the scars tell their story, but the images of the scars tell another one, sometimes truthful and sometimes exaggerated.



Les cicatrices - la machoire, 1998


Forgetting the digital tools?

Today, if asked about the kind of artworks I create, I often find myself in the position to propose unsatisfactory answers. The generic term image only seem to fit. It let understand that the central position of digital tools can dissolve the boundaries between a photograph, a drawing, a painting or a computer generated picture. In addition, it allow me to explain why I insist in not being called a photographer, neither a graphics artist and less than everything else an “artist working with a computer” — although these images are sometimes akin to photographs, sometimes to graphics works, and sometimes, maybe, to computer generated works.

In fact, digital creation is mixing everything that can be viewed in a way that turn it into images. That process lead to the digital tools own disappearance. The computer doesn’t exist anymore.

 
Voir le diaporama de la série

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